10 | 2016

Connaissance des arts - Versailles, éternel chantier

Pavillon Dufour

Connaissance des arts. Octobre 2016.
Hervé Grandsart

Connaissance des arts - Versailles, éternel chantier
Lancé en 2003, le schéma directeur adopté pour le château a impulsé une dynamique qui a trouvé en 2015 son point d’orgue dans la transformation en lieu d’accueil, pour le visiteur individuel déjà muni de billet, du rez-de-chaussée du pavillon Dufour fermant, à gauche, la cour royale.

Exaltant la création contemporaine, cet espace aménagé par l’architecte Dominique Perrault ne fait que repousser cette question lancinante : peut-on, à Versailles, accepter des visiteurs sans autre limite que leur patience d’accès dans un château peu apte, malgré sa taille, à jouer le rôle d’autoroute touristique ?  Déjà remanié à plusieurs reprises depuis le XIXe siècle, le rez-de-chaussée du pavillon Dufour y perdit, en outre, ses dernières traces de distribution et de décors historiques. Dans le parc, le bassin des Enfants dorés créé par Jules Hardouin-Mansart en 1704 et orné, en 1709, d’un admirable groupe d’enfants en plomb de Jean Hardy (1653-1737), a fait l’objet d’une restauration complète. Achevée au printemps 2016 avec l’aide du mécénat de la Fondation BNP Paribas et l’apport de compétence de d’Huart Industrie, société spécialiste du plomb, elle a nécessité la modernisation de toutes les structures de support, d’étanchéité et d’alimentation hydraulique. Six entreprises hautement spécialisées y participèrent, la fonderie de Coubertin ayant assuré la restauration du groupe d’enfants, par la suite doré et peint par la société Gohard. Au hameau du Petit-Trianon, le chantier de restauration de la maison de la reine, engagée avec le mécénat de LVMH, subira en revanche un retard dû à la découverte, en début 2016, de plomb dans ses murs. Le gros œuvre devrait être néanmoins terminé en fin d’année et, autour d’avril 2017, l’édifice pourra accueillir à nouveau le public dans son dernier état historique attesté du Premier Empire (1809). L’année 2016 fut enfin marquée par la nouvelle présentation permanente de la collection de carrosses, chaises à porteurs et traîneaux, envoyés à Versailles depuis le XIXe siècle et tous restaurés à l’occasion, avec leurs passementeries et harnais d’attelage. Accueillie dans deux galeries remarquablement réaménagées de la grande écurie, face au château, cette galerie des Carrosses offre un spectacle éblouissant où art et luxe se conjuguent avec les avancées technologiques. Cet émerveillement, qui honore également le mécène, la Fondation Michelin, est par ailleurs en accès libre et gratuit ! Le succès, énorme, est bien entendu au rendez-vous. En ville, la Cour d’appel de Versailles, installée dans le vaste complexe des secondes écuries de Louis XIV, puis des reines de France et rassemblant des constructions du XVIIe au XXesiècle (pavillon de gauche sur rue, de 1978), bénéficie aujourd’hui de la restauration des façades en pierre et brique enduite ainsi que des toitures à combles brisés de l’aile droite de sa cour d’honneur. Les mauvaises surprises se sont concentrées, ici, dans les lucarnes dont les éléments métalliques de fixation, en rouillant, ont contraint à un remplacement complet des pierres. Entièrement financé par l’État, l’achèvement du chantier est prévu en 2017.