Cette semaine nous entamons une série sur « Groundscapes, autres topographies », récemment publié chez HYX. Focus aujourd’hui sur les fictions, ces « utopies qui restent de l’ordre du possible ».
Sur la fonction des fictions, p. 17
« Je crois au pouvoir de la fiction, à la force
sémantique et provocatrice d’improbables images venant mettre en péril les
icônes de nos villes pour nous forcer à redécouvrir la puissance initiale qui
les a instituées. La dimension fictionnelle a pour but de faire apparaître ce
que nous ne voyons pas – ou ce que nous n’avons pas encore vu. Par des collages
provocants qui changent les contextes, qui déplacent l’évidence, la fiction
devient réaliste. Elle évoque comme possibles ces interventions radicales sur
des sites qui semblaient définitivement figés par les concrétions de
l’histoire. Les collages ne se réduisent pas à des utopies, à des
fantasmagories visionnaires ; ils suggèrent des interventions inédites,
vraisemblables, au cœur de nos réalités urbaines. »
Sur la fiction de l'Arc de Triomphe, p. 20
« Lorsque l’on propose une intervention sur un objet
aussi emblématique que l’Arc de Triomphe, porté par sa dimension commémorative,
alors la révélation de sa fondation, de son inscription dans le territoire,
ouvre comme une nouvelle façade. Cette mise en lumière confère au monument une nouvelle
puissance, intensifie l’émotion. Il semble ancré encore plus profondément dans
la terre, révèle l’ensemble du dispositif des salles situées en sous-sol,
dévolues aux cérémonies, dont la force évocatrice s’en trouve amplifiée. La fiction
possible d’un Arc de Triomphe posé sur une dalle de verre démontre que la mise
en exergue du sous-sol ne réduit pas le sentiment de l’intime, du souvenir ou du
symbolique. Le bâtiment n’est plus simplement posé symétriquement sur les
quatre piles de ses arcades. Les reflets multiplient et divisent l’image
conventionnelle du monument et changent radicalement sa relation à l’espace, et
donc à la perception de son lien topographique avec la ville. »
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